Aiguille en nickel, en chrome, en or ou en titane ?

Pour faire suite à l’article “Les aiguilles spéciales surjeteuses sont-elles indispensables ?” reparlons d’aiguilles, et plus spécifiquement de la matière dont elles sont composées.

Peut-on dire que les aiguilles en chrome sont meilleures (en général) que les aiguilles normales et peut-on les utiliser pour une utilisation exclusivement couture… 

Ce que peu de personnes savent en fait… c’est que certains fabricants ont toute une gamme d’aiguilles chrome, et pas uniquement pour surjeteuse. Ainsi on retrouve des aiguilles microtex chromées (le joli paquet à droite sur la photo), des aiguilles jersey chromées, des aiguilles jean chromées, des aiguilles « gold » (en or peut-être) ?

Bref… il faut faire le tri !

Je vais donc essayer de vous raconter tout ça avec un peu de précision et de rigueur tout en tapant un peu (beaucoup) sur les aiguilles bon marché qui ne servent à rien si ce n’est qu’abimer vos machines, couper le fil et abimer vos supers tissus liberty. Tout un programme.

Bien. Avant de parler de tout ça, il faut déjà savoir en quoi est faite une aiguille normale. Comment est plus ou moins fabriquée une aiguille et pourquoi certains choix ont été faits à un moment donné plutôt qu’à un autre.

Quand même, on ne se rend pas compte mais l’aiguille est l’un des premiers outils fabriqué par l’homme. On en trouve des traces depuis le Paléolithique supérieur. Aujourd’hui c’est devenu un produit de haute technologie dont le processus de fabrication contient entre 20 et 35 étapes. Mais nous n’allons pas les détailler ici, ce n’est pas le sujet. Ce qui nous intéresse c’est la matière première des aiguilles. Aujourd’hui, les aiguilles sont conçues avec un alliage ferreux bien connu : l’acier inox.

Bien qu’on ne connaisse pas la recette exacte utilisée pour les aiguilles (secret industriel oblige) on sait qu’a minima l’inox est un alliage à base de fer et de carbone et avec, au minimum 10 % de chrome, dont la propriété est d'être peu sensible à la corrosion et de ne pas se dégrader en rouille. On y ajoute parfois du nickel ou du titane (dans l’alliage, on parlera du traitement de surface après).

Ces alliages permettent d’avoir à la fois de la dureté et également de la résistance aussi bien à la corrosion qu’à la chaleur et à la déformation.

D’ailleurs, premier conseil : si vos aiguilles se tordent à en faire des hameçons… c’est qu’il y a de grandes chances pour que les matières premières utilisées ne soient pas bien dosées (comme on peut trouver dans ces aiguilles butterfly que vous achetez en grande surface) en effet, une aiguille doit être assez souple pour naviguer légèrement dans la matière dense, mais assez rigide et casser en cas de souci.

Tout le monde a compris pour le moment ? 

Nickel Chrome !

Revenons-en à nos alliages !

L’un des derniers processus dans la création d’aiguille, c’est un procédé de galvanisation.

Ce dernier consiste à tremper les aiguilles dans un bain avec un courant électrique pour permettre d’y appliquer une fine couche de métal.

Par contre, on ne galvanise pas n’importe quoi avec n’importe quel bain. Certains bains ne vont pas tenir sur certains matériaux un peu comme de l’huile et de l’eau qui ne se mélange pas, on ajoute du jaune d’œuf pour les faire s’entendre et avoir une bonne mayonnaise.

Pour chaque bain, il faut des alliages spécifiques qui fonctionnent avec plus ou moins de tolérance. 

Dans nos aiguilles classiques, ou plutôt sur nos aiguilles classiques, on utilise principalement des bains au nickel (pour être exact on devrait même parler de nickelage électrolytique que de galvanisation). La raison est simple. Le nickel est un métal qui a des affinités avec beaucoup d’autres et dont l’indice de résistance thermique est assez élevé. Il se dépose donc facilement sur beaucoup d’autres métaux et il garantit une protection contre les frottements en plus de donner une finition brillante et plus travaillée. Enfin, et argument de poids, il est beaucoup moins cher que d’autres matériaux.

Conseil n°2 : la finition au nickel est brillante et a un aspect légèrement bleuté (oui, il faut le voir le bleu…). Quand vous avez des aiguille de Me***, comme (au hasard) les butterfly, de la marque aux surjeteuses-douteuses-dont-on-ne-prononcera-pas-le-nom-ici ou autres grande surface et compagnie, jetez-y un coup d’œil à l’occasion. Vous verrez qu’elles ont pour la plupart un aspect gris mat qui ne réfléchit pas la lumière. Ces aiguilles cassent très régulièrement le fil. L’une des causes, outre le fait que le chas n’est pas bien usiné, est dû au fait qu’elles ne sont pas galvanisées. La température monte alors trop fortement au niveau du chas de l’aiguille à cause des frottements et crac ! Le fil casse.

Ça fait toujours plaisir de casser la réputation de ces aiguilles bon marché, qui de toute façon sont un fléau pour nos machines…

Maintenant que vous connaissez la base, entrons dans l’évolution.

Il y a maintenant une petite quarantaine d’années, l’industrie a vu ses processus changer et évoluer.

Crochet rotatif plus rapide, évolution des techniques de matériaux, évolution vers des moteur brushless etc etc… Ainsi, l’industrie a cherché à rendre les aiguilles plus performantes en faisant évoluer les alliages et la galvanisation vers de nouveaux procédés pour que les aiguilles soient plus résistantes à la vitesse, à la perforation et au frottement.

C’est ainsi que sont arrivées sur le marché des aiguilles industrielles avec de nouvelles recettes bien que le moyen de fabrication n’ait pas évolué depuis tout ce temps.

Les aiguilles sont alors devenues plus résistantes avec des aciers inox carbonés pour avoir une meilleure dureté mais tout en conservant le revêtement au nickel car, encore une fois, c’est pas cher.

Les aiguilles vont encore par la suite évoluer mais de façon plus discrète et les fabricants, Schmetz en tête, ont alors fait le pari de renforcer dans un premier temps leurs aiguilles avec du chrome plutôt que du nickel, ce dernier ayant un indice de conductivité de chaleur équivalent au nickel, mais ayant une capacité de dissipation plus élevé (il refroidit plus vite) mais surtout une meilleure résistance. On passe quand même d’un indice de dureté de 4,0 pour le nickel à 9 pour le chrome sur l’échelle de Mohs (1 ça serait le talc, matériaux friable sous l'ongle et 10 le Diamant, ou tout autre matériaux rayable avec un autre diamant. Bref c’est du solide !

Il faudra attendre les années 90 pour commencer à voir l’émergence de nouveaux procédés et technologies des matériaux, et voir arriver les premières aiguilles renforcées au Nitrure de titane, qui pour le coup vont avoir une résistance au frottement encore plus forte et donc une durée de vie allongée. La couche de Nitrure de titane rend l’aiguille si robuste et durable qu’on peut estimer qu’elle tient jusqu’à 3 fois plus qu’une autre aiguille, et réduit de cinq fois l’usure de la pointe de l’aiguille. De la haute technologie… même Iron Man n’en fait pas autant.

Conseil n°3 : En broderie, vous avez peut-être entendu parler des aiguilles gold (paquet de gauche) avec l’idée de garder les aiguilles cassées pour se faire un jour un lingot !!! En fait c’est raté car ce n’est pas un bain d’or. L’or est l’un des pires matériaux d’isolation qui soit. Il est hautement conducteur électrique, il y en a d’ailleurs dans les platines de vos machines à coudre, et il est nul de chez nul pour limiter la chaleur étant lui-même un très bon conducteur thermique (317 contre 26 pour l’acier et 10 pour le titane). Les aiguilles dites « or » ou « gold », sont en fait des aiguilles ayant subi un traitement au nitrure de titane.

Enfin, et pour terminer la collection, dans les années 2010 est apparu un dernier type d’aiguille principalement destiné à la machine familiale. Avec la démocratisation des machines à broder depuis 1999 et la designer I de Husqvarna Viking  (il y en a eu d’autres avant hein), et l’évolution des techniques de broderie, les fabricants ont cherché à améliorer la vie des brodeurs en herbe avec la création d’aiguilles un peu particulières qu’on reconnaît grâce à leur couleur un peu noir et mat. Ces aiguilles recouvertes d’un enrobage lubrifiant et anti-adhésif, permettent de coudre tous tissus qui a été collé ou disposant de surface collante sans laisser de résidus de colle pouvant polluer les aiguilles et ainsi évite la rupture du fil et de polluer son crochet avec de la colle. Mais ces dernières étant consacrées à un domaine spécifique, on ne va pas plus parler d’elles aujourd’hui.

BREF

Jusque dans les années 2010, les aiguilles chromées et titanes sont restées la panacée de l’industrie, bien qu’assez boudées par les grandes entreprises de confection.

Hé oui les aiguilles étant du consommable, et n’ayant qu’une faible plus-value par rapport au prix (on y reviendra plus bas) les industriels préféraient rester sur des aiguilles standard tout aussi performantes. Mais cela n’a pas empêché les fabricants de sortir depuis peu des aiguilles chromées et titanes pour les machines familiales. Et là… c’est le drame !

Vous ne les avez peut-être pas encore vues, mais il existe chez Schmetz tout une gamme d’aiguilles chromées pour la machine à coudre familiale (Le magnifique paquet de droite… Nan il a de l’allure faut avouer).

On essaye d’améliorer la technologie afin de proposer le meilleur à un coût certain. Vous qui avez de bonne machines, il vous faut ce qu’il y a de mieux pour coudre non ? Et bien le top niveau ce sont ces aiguilles super résistantes qui sont connues pour passer de la densité (plus de l’épais) sans que la pointe ne s’abime à cause du frottement ou de la pénétration… Bref vous, amateurs, venez bosser comme des pros !!!

Ce que j’en pense personnellement (et d’un point de vue tout à fait objectif) ?

Pour avoir testé et évalué… C’est génial.

Non sérieusement, ces aiguilles sont vraiment top ! Il existe une réelle plus-value à les utiliser. Elles sont vraiment plus résistantes aux impacts, et tiennent beaucoup plus la durée. J’en utilise souvent en broderie sur ma Tajima Sai…

Pourtant… il y a trois loups.

Le premier c’est le temps… c’est bien d’avoir une aiguille plus résistante tout ça tout ça, mais dans ce cas-là il faut mettre un chronomètre couture à chaque changement d’aiguille… Actuellement, sur ma machine industrielle et avec des aiguilles normales, je suis dans l’incapacité totale de vous dire si avec mon aiguille j’ai cousu 2h, 6h ou 15h… Je sais que mon aiguille est sans doute épointée à force et comme je couds beaucoup et tous les jours, je change mon aiguille tous les lundis. Cette règle est vraie pour moi et uniquement pour moi car je connais ma fréquence de couture et les matières que je couds. Autre chose également… Quand j’ai un souci, je change mon aiguille directement… Bourrage de fil, impact avec les épingles et on en passe et des meilleurs.

ET ÇA NE S'ARRÊTE PAS LÀ !!!

Les fabricants d'aiguilles disent qu'en moyenne il faudrait la changer toutes les 8h d'utilisation. Cette information est également celle donnée dans les manuels d'utilisations et toute bonne littérature.

Mais comme vous avez pu le lire... c'est une moyenne (et un peu au rabais).

En vérité vous pouvez sur une aiguille neuve aller jusqu'à 16/18h d'utilisation avant que la chaleur due au frottement et l'impact sur le tissu commence à épointer votre aiguille et qu'elle perdent en efficacité. Je ne parle ici que des aiguilles universelles.

Les aiguilles cuir rencontrent beaucoup plus de matières et de densités. Ce sont d'ailleurs de vrais petits couteaux avec des pointes affûtées en lame. Elles vont donc s'abimer plus rapidement au contact de la matière au-delà de 10h de travail à bonne intensité ça commence à être chaud et vous risquez d'abimer votre ouvrage.

Les jerseys sont à pointe ronde. Il n'y a que le frottement de la matière qui va les abimer. Elles peuvent donc en théorie tenir plus longtemps que des pointes normales ne passant que entre des mailles et ayant de fait moins d'impact avec le tissu...

Mais encore une fois, c'est de la théorie...

En pratique, en 16h il se passe beaucoup de choses durant votre couture... impact d'épingles, changement d'épaisseurs et densités, etc etc ... Votre aiguille va sans doute casser avant d'arriver au bout de sa longévité. Et qui veut aller loin ménage sa monture et change régulièrement les fers de son cheval. Donc 8h c'est bien comme moyenne.

Ne comptez pas le nombre d'heures de couture. Écoutez le bruit de votre aiguille en transperçant les tissus. Regardez le point qu'elle fait. Ce sont de meilleurs indicateurs que le temps de couture.

Pour revenir aux aiguilles chromées et titanes, clairement, ce n’est pas sur la durée qu’il faut les juger mais sur leurs capacités à avoir une pointe résistante qui ne s’épointe pas (et encore, le titane on y reviendra plus bas).

Mais il y a aussi autre chose à laquelle on ne pense pas vraiment et pour ça il faut parler un peu machine. 

Chez Brother, quand vous faites tourner votre machine sans canette, vous entendez un petit cliquetis régulier. Vous savez, ce petit « tic, tic, tic » régulier.  C’est en fait dû au très léger frottement du crochet de votre machine à coudre contre l’aiguille lors de sa remontée. En fait, en langage technicien, on appelle ça une aiguille qui zappe.

Pourquoi je vous parle de ça chez Brother ? Car c’est un peu leur marque de fabrique. Mais on le retrouve aussi beaucoup chez Husqvarna et Singer. Un poil moins chez Elna et Janome et quasiment pas chez Bernina (et je dis bien quasiment).

C’est un point critique des aiguilles chromées et titanes bien que un peu exagéré je vous l’accorde.

L’acier de votre crochet aujourd’hui bien que composite, ça reste de l’acier avec parfois un revêtement nickel. Donc beaucoup moins solide que le chrome des aiguilles. À force de frottement, la pointe de votre crochet va finir par s’éroder et perdre en précision, créant ainsi des points de manques à la longue.

Bien sûr j’exagère volontairement le trait car ça ne va pas arriver du jour au lendemain et il faudrait coudre uniquement avec des aiguilles dont les métaux ont un indice de dureté plus fort que le crochet et durant une longue période et années… mais… ça joue... surtout en industrie.

En industrie, les crochets vont parfois à 2500 points par minute, là où une bonne familiale dépasse rarement le 1200 ppm. Ça va vite et on ne veut pas changer de machine au bout de 15 ans. À la limite on met un nouveau moteur et c’est reparti. Bien sûr, il arrive que le crochet soit usé et il se change. Sauf que comme dit plus haut, l’industrie c’est un monde de gros sous. C’est ici le 3ème loup de ces aiguilles top niveau. C’est cher ! Payer plus cher pour des aiguilles plus performantes qui vont abimer le crochet plus rapidement que je vais devoir repayer plus fréquemment… On préfère changer son aiguille 1,5 fois plus souvent. Logique !

Autant en familiale, changer le crochet est exceptionnellement rare, le coût d’un remplacement n’est pas à prendre en compte ou sur 50 ans (en général cela fait un bon moment que vous aurez changé de machine) mais ces aiguilles ont un coût qui n’est pas négligeable tout ça pour certes des performances meilleures dans certains cas.. Est-ce que le jeu en vaut la chandelle ? Ça se dispute…

Comme dit plus haut, si on doit juger ces aiguilles c’est sur la performance des aiguilles en termes de durée de vie de la pointe, sur sa capacité à ne pas s’épointer rapidement et d’être plus robuste pour certaines matières.

On les retrouvera alors dans des domaines bien spécifiques, les chromées étant plus dirigées vers de l’industrie travaillant des tissus lourds demandant une pointe plus robuste, et les titanes seront privilégiées dans l’industrie de la broderie où les machines vont à de hautes cadences et travaillent des heures en continue. La durée de vie des aiguilles va donc être un facteur intéressant à prendre en compte.

Comme toujours, tout est une question de rapport coût/emmerdement/performance, et ON ADAPTE TOUJOURS SON MATÉRIEL À SON TRAVAIL ! (vous me le copierez 100 fois et l’inscrirez sur ma tombe).

Encore une fois, sur ma brodeuse quand je fais de long travaux qui vont avoir beaucoup de points avec des durées de travail de 5 ou 6h sans aucune interruption si ce n’est pour changer le fil canette ou les couleurs de fils (ouais on est des fous chez Fil-Mécanique…). Je mets clairement une aiguille titane qui ne va pas s’altérer trop rapidement et donc ne pas abimer mon tissu. Mais cela reste de la broderie faite sur une Tajima Sai (j’adore cette machine) et on reste loin de la machine familiale même si je bosse en 600 à 800 ppm.

Ces aiguilles ne sont pas bonnes à jeter non plus… elles sont juste un peu hors du temps.

Aujourd’hui, plus qu’à l’époque, c’est le consommateur et la société qui fait changer les mœurs et fait évoluer les pratiques et habitudes. Dans le temps on adaptait la machine à la couture de tous les jours, le strict nécessaire et puis sans plus. La couture était un peu une corvée ou un travail.

Avec le prêt-à-porter apparu dans les années 50, la machine à coudre a connu un peu un déclin avant de renaître comme une passion. Ainsi, de plus en plus de personnes vont faire, pour ainsi dire, de la couture moderne. Du zéro déchet, de la petite maroquinerie avec du simili cuir ou des substituts plus écologiques, et on recommence à réparer plutôt que jeter quand on ne fabrique pas soi-même, pour coller à sa propre personnalité, un vêtement unique à sa taille. On trouve aussi de plus en plus de personnes qui travaillent des matières enduites, de Polyuréthane laminé ou du Biothane souple et résistant. Bref des ouvrages avec de la densité et de l’épaisseur (oui les deux ne sont pas pareil !).

Il ne serait donc pas étonnant que dans quelques années (combien ?) les fabricants de machines à coudre tentent de proposer des machines avec plus de punch pour les épaisseurs et donc des crochets plus résistants pour aller avec des aiguilles plus performantes… peut être que je me trompe et l’avenir nous le dira. En tout cas je suis curieux.

Pour conclure, on peut en fait dire que les aiguilles avec un traitement au chrome ou au nitrure de titane : c’est l’avenir !!! Mais malheureusement, il n’est pas pour tout de suite.

Aujourd’hui pour la couture loisir gardez les bonnes vieilles aiguilles finition nickel ; elles font largement le travail. Mais ne crachez pas sur les aiguilles chromées ou titane. Voyez-les plus comme des aiguilles à certains usages, comme celle pour le jersey, le cuir ou le jeans… d’ailleurs il faudra que je vous en parle de ces dernières… mais ca c’est une autre histoire pour les amoureux du fil et de la mécanique ^^

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