Faut-il mettre un tissu sous l'aiguille quand on ne couds pas ?

Il existe beaucoup de mythes autour de la machine à coudre et des bonnes pratiques en couture.

Tiens par exemple : pourquoi nos grands-mères ou nos mères mettent toujours un morceau de tissu sous le pied presseur et plantent l’aiguille dedans quand elles ne cousent pas ?

Pour beaucoup c’est pour caler la machine. Pour d’autres, c’est pour ne pas abîmer les griffes, et pour d'autres, encore autre chose…

Quand on demande un peu plus d’explications sur les conséquences ou sur le comment et le pourquoi, on me donne très vite la réponse du : « c’est comme ça, et pi c’est tout ». Après tout, pourquoi remettre en question des années pratiques ?

Sauf que moi, j'aime savoir pourquoi on fait les choses ainsi, et la réponse est un peu plus prosaïque et beaucoup moins technique qu’on le croit ^^

Imaginez-vous au début des années 70 avec les machines à coudre mécaniques qui demandaient un huilage beaucoup plus régulier qu’aujourd’hui.

Elna et Bernina par exemple mettaient des points de repère rouge où il fallait mettre une goutte d’huile, sur les mécanismes qui en avaient besoin.

Par contre, la donnée que les couturiers et les couturières n'avaient pas c’est la fréquence, le bon moment pour le faire et la quantité. Elles en mettaient donc après avoir nettoyé la machine, après avoir cousu car l’huile pâteuse tachait les tissus et bon… c’est tout de même plus pratique de le faire après le nettoyage quand la machine était déjà ouverte.

Si vous suivez un peu ce que je raconte, je parle souvent de l’huile et du nettoyage comme le café et la douche.

Le matin, quand je me lève, si je n’ai pas pris mon café, je ne suis pas bien, je suis lent, maladroit et désagréable… j’entend “plus désagréable que d’habitude”. Il me faut un café !

Par contre, si à 23h je prends du café… La nuit risque d'être blanche...

Non, le soir, en rentrant d’une journée harassante de travail, les mains pleines de cambouis et les cheveux plein de bourre de tissus et de morceaux de fil, je vais plutôt prendre une douche. Rien de tel avant d’aller préparer le repas et aller se coucher dans de bons draps.

Votre machine se comporte de la même façon.

Il faut toujours mettre l’huile non pas après sa couture mais bien AVANT de coudre et faire quelques lignes sur un échantillon, histoire que l’huile aille partout où il faut, et ainsi ne tache pas votre tissu. On profite de ce petit rituel pour régler son point et juger de la vétusté de l’aiguille.

Si je mets l’huile après ma couture, sous l’effet de la gravité l’huile va s’écouler et se trouver au fond de votre machine la rendant totalement inutile.

Pire, si vous en mettez après votre couture et de trop comme nos grands-mères, cette dernière va s’écouler le long de la barre aiguille, former une belle petite goutte et tomber sur votre plaque où elle va s’étaler. Le lendemain matin, vous vous retrouverez avec une machine poisseuse qu’il faudra nettoyer avant de l’utiliser… La belle affaire.

Nos grands-mères non seulement mettaient trop d’huile, trop souvent et pas au bon moment. À force de nettoyer, elles ont commencé à laisser le tissu sous le pied et planté l’aiguille pour que l’excédent d’huile se fasse absorber par le tissu évitant ainsi la corvée de nettoyage.

Ne vous en faites donc pas si vous ne plantez pas l’aiguille dans le tissu lorsque vous rangez votre machine. Par contre, pensez tout de même à baisser le pied presseur pour soulager le ressort qui le met en pression. Il n’aime pas être comprimé trop longtemps sous peine, à long terme, de perdre de son élasticité, mais ça, c'est une autre histoire .

 

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