Grand chiffre 2 (18mm)

Il était une fois un chiffre nommé Deux, éternel second, discret compagnon de route, jamais premier mais jamais seul.
Il vivait paisiblement entre deux chaises, toujours à deux doigts de devenir important, sans jamais vraiment oser.

Un matin, Deux croisa Chemin, un vieux philosophe un peu boiteux qui marchait à deux vitesses.
— Que fais-tu là, l’air si partagé ? demanda Chemin.
— Je coupe la poire en deux toute la journée, soupira Deux. Les autres chiffres me trouvent tiède. Pas assez tranché, trop hésitant.
— Et si ta force était justement dans l’équilibre ? dit Chemin. Tu sais bien faire d’une pierre deux coups, toi.

Mais Deux doutait. Il voulait être unique, tranchant, remarquable. Pas seulement celui qu’on utilise pour jouer sur deux tableaux.
Il décida donc de partir, bien décidé à changer.

Il se rendit au royaume de Un, qui vivait seul, fier et tranché.
— Ici, on décide vite. Pas de place pour les deux poids, deux mesures. Tu restes ou tu pars, on ne fait pas dans la nuance.
Deux s’en alla. Ce n’était pas sa place.

Puis il tenta chez Trois. Là, tout semblait joyeux, créatif, foisonnant.
Mais on lui dit en riant :
— Jamais deux sans trois, tu sais. On t'aime bien, mais on t'oublie vite.

Alors Deux revint chez lui. Il contempla son humble maison, bâtie avec deux fois rien, mais solide.
Il regarda ses mains maladroites, se rappela qu’il avait deux mains gauches, et sourit.
Il était peut-être bancal, hésitant, mais il savait voir les deux côtés de la médaille, écouter deux avis différents, et parfois même réconcilier les contraires.

Et Chemin, de son pas lent, conclut :

Il vaut mieux être deux pour douter, que seul pour se tromper.

? Morale :
Le chiffre Deux nous rappelle que l’hésitation n’est pas une faiblesse, mais une forme de sagesse. Il n’y a pas toujours de vérité tranchée, et c’est entre deux extrêmes que naît souvent le juste milieu.