Petite lettre s (10mm)

Sous la voûte étoilée, Sylvie s’assoit sur la rive, seule. L’air frais du soir s’insinue entre les branches d’un vieux saule, ses feuilles bruissant doucement comme un murmure ancien. Le silence l’enveloppe, mais ce n’est pas un vide. C’est un silence vivant, saturé de soupirs lointains, de sons discrets qui s’étirent dans l’obscurité.

À ses pieds, la surface du lac scintille à peine. De légers cercles s’élargissent, trahissant le passage furtif d’un poisson ou d’une pierre tombée dans l’eau. Sylvie laisse ses pensées glisser avec ces cercles. Chaque souvenir surgit, s’éloigne doucement, puis disparaît, laissant place à une nouvelle vague d’impressions.

Elle pense à des instants fugaces : une silhouette dans la lumière d’un matin, un sourire aperçu au détour d’un chemin, un souffle d’air chaud qui avait réchauffé sa joue. Des souvenirs simples, mais saturés de sens. Ils s’enroulent autour d’elle, la berçant doucement comme une mélodie dont elle seule connaît les accords.

Le vent s’élève légèrement, un sifflement doux qui l’invite à se lever. Le silence n’est plus un poids, mais une présence. En quittant la rive, Sylvie sait qu’elle emporte avec elle une sérénité nouvelle, une symphonie discrète de sons et de soupirs, quelque chose qui continuera de chanter doucement, même dans le tumulte des jours à venir.