Grande lettre V (18mm)

Quelque part, au cœur d’un pré tranquille, un coquelicot unique, éclatant, oscillait sous le vent. Quiconque posait son regard sur lui percevait une beauté singulière, une qualité presque magique.
Pourtant, nul ne savait pourquoi ce coquelicot paraissait plus éclatant que les autres, pourquoi son rouge semblait plus profond, pourquoi il persistait là, quand tous les autres fanaient.

Un jour, un quêteur curieux, quittant la quiétude de son quotidien, questionna le pré :

— Qu’est-ce qui rend ce coquelicot si particulier ?

Le vent, complice des secrets du monde, souffla une réponse discrète :

— Ce coquelicot ne craint ni le temps ni l’oubli. Il existe pleinement, sans quête inutile, sans quête de gloire, sans quête d’ailleurs. Il ne questionne pas son destin, il l’accepte, et c’est ainsi qu’il brille.

Le quêteur, troublé, contempla la fleur. Puis, quittant ses doutes, il comprit : ce coquelicot ne quémandait rien, il ne cherchait pas à être autre chose que lui-même. Et dans cette simplicité, dans ce refus de quitter ce qu’il était, il incarnait une réponse que tant questionnaient sans jamais la trouver.